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Entretien avec M. Patrick DION, Responsable Pôle Algues et Qualité du Milieu du CEVA, le jeudi 3 mars 2011

Je suis médecin et jusqu’à il n’y a pas longtemps, j’étais ingénieur de recherche hors classe au CNRS. Mon travail était de faire de l’information et de la formation sur le risque chimique. Bien sûr, c’est très vaste. Je travaillais essentiellement sur certains polluants, essentiellement les polluants aériens, c’est-à-dire les gaz et les particules minérales. Et c’est à ce titre d’ailleurs que j’ai été sollicité. Un jour j’ai fait une conférence et à la fin, une association est venue me voir en me disant « puisque vous êtes un spécialiste des gaz vous ne pouvez pas venir nous expliquer ce qui se passe avec les émanations qui viennent de ces dépôts d’algues vertes ». Donc c’est comme ça que j’ai commencé à travailler sur le sujet. C’est ma spécialité et en fait j’ai travaillé sur un certain nombre de sujets depuis assez longtemps. Donc ça m’a beaucoup fait rire quand j’ai vu que vous travaillez sur les controverses scientifiques, sujet intéressant s’il en est, parce que tous les sujets sur lesquels j’ai passé ma vie, c’étaient des controverses pas scientifiques d’ailleurs, des controverses socio-scientifiques

 Oui, nous, c’était un peu le principe aussi.

Parce ce que j’ai commencé avec la silicose chez les mineurs du Nord. Alors là le problème, c’est qu’ils étaient silicosés à mort on peut dire et parce qu’ils n’étaient même pas reconnus, ou très mal reconnus. Et puis j’ai continué avec, enfin je vous parle des gros dossiers, l’amiante et l’action cancérogène des amiantes, ensuite le plomb pour le faire supprimer. Enfin, on a fait différentes choses sur le plomb, mais la plus grosse campagne, ça a été pour faire supprimer le plomb dans l’essence. Evidemment là, on nous a traité de tous les noms en nous disant « supprimer le plomb dans l’essence foutaises etc.. ». Maintenant les officiels ou leurs cousins si ce n’est eux ce sont leurs frères qui sont en place glorifient le fait d’avoir fait réduire le plomb dans l’essence. Et leurs collègues qui étaient en place à l’époque se foutaient de nous et on m’a dit qu’il fallait arrêter. Donc ça relativise. J’ai continué. Un des premiers sujets sur lesquels j’ai travaillé depuis une quinzaine d’années c’était l’ozone. Alors là le problème n’est pas encore résolu, c’est pour vous ça, pour les jeunes générations. Et quand j’ai travaillé dans l’unité de prévention du risque chimique au CNRS à l’époque. Je suis parti en Bretagne, je suis rentré à la maison, parce que moi je suis d’origine bretonne. Et là un concours de circonstances a fait que je suis rentré à la maison alors que ce n’était pas prévu. Et là j’ai été beaucoup sollicité à cause des projets d’incinérateurs, d’une dizaine de projets d’incinérateurs en Bretagne, il n’y en a aucun qui a été construit pour l’instant. Mais il y en avait des dizaines de projets à l’époque, et ils n’allaient pas en construire des dizaines mais il y avait des projets un peu partout. Donc du coup, j’étais obligé de m’intéresser de plus près au dioxyde dans une unité qui travaillait sur le dioxyde et le responsable de l’unité était fortement impliqué puisqu’il était membre du groupe qui avait fait un rapport au nom de l’Académie des Sciences mais il y avait eu des désaccords en particulier il avait trouvé que le rapport de l’Académie des Sciences édulcorait pas mal les aspects sanitaires. Et donc il avait voulu le faire bouger, ça avait été un refus et donc il avait décidé de ne pas signer. Donc on avait simplement enlevé son nom du groupe de travail. Mais ça avait été un grand exploit de notre ex grande Académie des Sciences, grande puisqu’elle a été grande autrefois. Aujourd’hui ce n’est pas tout à fait ça. Puisque peu de temps après avoir sorti un rapport en disant que les dioxydes n’étaient pas dangereux, il y a eu un rapport international classant la dioxine comme produit cancérogène. Et ce n’est pas le pire des ses aspects létaux. Et puis là normalement, je travaille plutôt sur les nanoparticules, en tout cas je devrais, parce que mon élan a été coupé par l’irruption des algues vertes dans mon activité.
Et puis pour être plus complet quand même, pendant une douzaine d’années, j’ai été ici au Ministère de la Recherche à Polytechnique, à l’ancienne Ecole Polytechnique. Là, j’étais chargé des programmes nationaux de recherche en épidémiologie et toxicologie en environnement de travail. Et vous savez qu’une grande partie des connaissances qu’on a sur les potentialités toxiques des produits dans le champ de l’environnement en général viennent d’études qui ont été faites en environnement de travail.
Ce que je vais faire alors, c’est que je vais vous présenter les cas, j’essaie de les présenter en montrant comment moi je me suis impliqué dans le sujet. Ca répond en partie à certaines de vos questions. Déjà là, ça va vous fournir de la matière par rapport à une partie de vos questions, donc ça va faire une vingtaine de diapos. Et puis ensuite, on pourra discuter et puis ensuite on verra comment on continue…

Vous avez commencé à vous intéresser aux algues vertes en quelle année ? 

En 2008

Donc avant la mort du cheval à Saint-Michel-en-Grève ?

Le cheval et l’intoxication de son cavalier, c’est-à-dire en 2009. J’ai été interpellé parce ce que j’ai fait une conférence un jour à Morlaix. Et donc une association est venue me voir au printemps 2008. Ils m’ont dit vous ne pouvez pas nous faire une présentation pour nous expliquer.

L’association, c’était Halte aux algues vertes ou bien une autre ?

C’était une association qui est un réseau d’associations qui s’appelle Sauvegarde du Trégor.Est-ce que vous reconnaissez ce qu’il y a sur cette image ?

C’est des dépôts d’algues vertes qui ont séché au soleil

En fait, ça c’est la vraie image de situation dangereuse. Alors les journalistes quand ils nous interviewent, ils nous montrent des algues bien vertes. Mais la vraie situation de danger, c’est celle-là.

Par exemple, est-ce que c’est recouvert par les marées ?

Justement Le principe c’est quoi ? C’est que ça sèche. 

Et comment ça se fait que ça sèche ?

Ce n’est pas recouvert par les marées. En fait elles sont déposées lors des très grandes marées.
En fait elles sont déposées dans la période des marées décroissantes. La marée monte de moins en moins loin et donc à chaque fois, elle monte, elle descend et en descendant elle dépose les algues, quand elle remonte, elle remonte moins loin donc il y a une bande qui reste. Et donc il y a des bandes successives qui sont déposées sur la plage. Voilà en marées décroissantes.
Et pourquoi par exemple ça touche plutôt la Bretagne Nord de façon plus spectaculaire que dans d’autres endroits ? Parce qu’en Bretagne Nord vous avez des plus grandes marées qu’en Bretagne Sud. Les marées du Mont-Saint-Michel sont bien connues, mais les marées dans la baie de Saint-Brieuc c’est presque pareil, Lannion aussi. Donc c’est des marées très importantes. Et puis vous avez une deuxième chose, c’est que vous avez des baies qui ont des plages qui sont très très plates. Et comme elles sont très très plates, la mer quand elle remonte, elle se retire sur des distances de plusieurs kilomètres et elle remonte sur plusieurs kilomètres et donc vous avez des grandes étendues avec une faible profondeur. Or les algues elles ont besoin pour proliférer de soleil et de chaleur. En général, elles prolifèrent à la belle saison là au mois d’avril, c’est le moment où c’est sensé commencer. Donc il faut les alimenter, il faut alimenter l’eau. Et l’eau est quand même très alimentée en Bretagne, et même surchargée à cause de l’agriculture intensive. Ensuite quand vous avez de grandes étendues avec des petites pellicules d’eau et un bon ensoleillement, vous avez les conditions optimales pour faire de la culture d’algues. Si on voulait cultiver des algues, c’est là qu’on aurait les rendements les plus élevés, on aurait des rendements exceptionnels.

Enfin, ça pose un problème, une fois qu’elles sont déposées… 

Alors le principe c’est ça. Il y a une chose que vous n’avez peut-être pas remarqué c’est qu’il n’y en a pas dans la Baie du Mont-Saint-Michel. Vous savez pourquoi ? 

Après ça dépend aussi de la configuration du milieu, de l’hydrologie et des courants marins…

Oui il y a un peu de ça, mais ce n’est pas ça la raison.Dans la Baie de Saint-Brieuc et dans la Baie de Saint-Michel, l’eau est parfaitement limpide et l’algue elle a besoin du soleil. Dans la Baie du Mont-Saint-Michel, l’eau est trouble, c’est une tangue dans le fond de la Baie du Mont-Saint-Michel. Et vous avez une eau qui est trouble qui est très très riche en nutriments. C’est pour ça que pour les huîtres c’est bien, c’est pour ça qu’on y fait aussi des cultures de moules. Par contre les algues vertes elles n’aiment pas ça, parce qu’elles n’ont pas l’ensoleillement…Si il y avait eu une eau limpide, la Baie du Mont-Saint-Michel, on en aurait entendu parler, alors là on ne serait pas en train d’en discuter aujourd’hui parce que ça aurait peut-être déjà été réglé. Donc je vais vous présenter les images là et puis si vous avez quelque chose que vous ne comprenez pas vous n’hésitez pas, interrompez moi brièvement. Mais je vais vous les présenter c’est plus facile à suivre quand même, c’est moins décousu et puis s’il y a une explication brève je vous la donne et puis comme ça vous aurez l’ensemble. On en discutera tranquillement, on reviendra dessus s’il faut.
Donc moi, quand on m’a sollicité, on me demandait de faire cette conférence. Quelques temps après avoir regardé parce que j’avais vu passer des documents parce qu’il y avait des mesures qui étaient faites. En particulier je suis dans le conseil d’administration d’Air Breizh. Air Breizh, c’est la structure qui est chargée de faire des mesures sur les polluants aériens sur la Bretagne et puis Air Breizh faisait depuis longtemps, depuis plusieurs années des mesures en haut des plages. On a vu passer ce genre de choses. J’avais lu quelques articles et puis un jour j’avais voulu emmener mes parents qui sont âgés pour voir la maison d’un philosophe qui était en haut de la plage de la Granville. C’était par une belle journée d’été. Et en passent dans le coin, je suis originaire de la région de Saint-Brieuc, de Lamballe, et ma famille, mes parents en particulier habitent tout près, dans une commune qui est presque contiguë avec la commune d’Hillion. Donc en passant un jour, je leur dis « je vais vous montrer la maison du philosophe Palante ». Il se trouve que Palante avait acheté une petite maison juste au dessus de la plage de la Granville…
Et je les ai emmenés pour voir cette maison du philosophe et il fallait tourner à gauche, il y avait une route qui descendait sur quelques centaines de mètres au bord de l’eau. C’était en plein été, il faisait chaud, les vitres de la voiture étaient ouvertes et quand on a voulu tourner, on s’est pris des effluves épouvantables de mauvaises odeurs qui venaient de la plage. Au point que je me suis dit qu’il ne fallait pas que mes parents respirent ça, parce qu’ils étaient âgés et donc c’était mieux qu’ils ne respirent pas ça… J’ai hésité à faire demi-tour tout de suite, et puis finalement, je suis descendu, je leur ai montré la maison mais on n’est pas resté très longtemps.
Donc voilà, je connaissais aussi directement on peut dire, j’avais eu l’occasion comme tout le monde malheureusement d’être confronté à l’odeur.
Alors les données que j’ai trouvées dans la littérature montraient qu’en bord de plage, on pouvait aller jusqu’à 0,1 ppm d’hydrogène sulfuré puisqu’on avait mesuré qu’il y avait de l’ammoniac (NH3) et de l’hydrogène sulfuré (H2S). Pour H2S, on avait trouvé des pics de 0,1 et puis il y avait aussi des mesures qui avaient été faites sur des amas d’algues en décomposition et là ils avaient bloqué leur appareil de mesures, parce qu’il y avait plus de 100 ppm et leur appareil était limité à 100. Et comme ils avaient fait preuve d’une très grande curiosité d’esprit et bien, ils en étaient restés là. Ils ne s’étaient pas précipités pour trouver un autre appareil… Et il y avait plus de 100 ppm, voilà l’information que j’avais, sans savoir vraiment jusqu’où ça pouvait monter, sans avoir d’idée à vrai dire. Et puis, j’avais eu des témoignages qui montraient bien, qui étaient assez … Je n’avais pas beaucoup de témoignages mais j’en avais réclamé. Notamment, j’avais entendu parler d’un gars qui avait fait une caracto conjonctivite, une inflammation oculaire en ramassant des algues à Hilion. Voilà ce que je savais, c'est-à-dire pas grand-chose. Bon, il y avait des problèmes mais ce n’était pas…
Donc là, nous sommes à l’embouchure du Gouessant et la plage de la Granville dont on va parler elle est juste dans la continuation, … et vous voyez juste en face la plage de la Granville.
Alors vous voyez en juin c’était comme ça et je suis parti en vacances, mes parents habitent à côté, j’étais quelque part par là à quelques kilomètres. Un matin, quand j’étais en vacances, je vois dans le journal, deux chiens morts intoxiqués sur la plage de Lagranville. Heureusement que j’étais dans le coin, sinon je n’aurais pas vu passer l’information. Et c’était dans les pages locales.
Donc quand j’ai vu cette informations, j’ai été très surpris parce qu’avec les données que j’avais, celles que je vous ai indiqué je ne comprenais pas bien la mort de ces chiens, alors je me suis dit oui c’est une dame elle devait avoir deux tout petits chiens, vous savez les rase-bitume…sur le sol, ça doit être deux tout petits chiens. Et à ce moment là, c’était cohérent avec les informations que j’avais jusque là. Donc je me suis dit quand même il y a des chiens qui sont morts, on en parle dans le journal, moi je vais faire une conférence bientôt là-dessus. Il faut que je sache ce qui s’est passé puisque forcément je vais avoir droit à des questions là-dessus. Qu’est-ce que j’en pense ? Alors si je n’en pense rien, je vais avoir l’air d’un con. Donc je vais à la pêche aux informations. Et là surprise. Ca c’est le document sur lequel j’ai commencé à rassembler les informations que j’ai récupérées. J’ai récupéré les certificats de décès de la vétérinaire qui avait vu les chiens. En fait, il faut savoir que la propriétaire des chiens était assistante-vétérinaire. Donc elle travaillait dans un cabinet vétérinaire qui était à quelques kilomètres à Hillion. Probablement, elle faisait une pause ou à la fin de sa journée. Elle était allée pour les sortir au bord de l’eau, pour les promener et donc quand les chiens sont morts la première chose qu’elle a fait, quand elle a vu qu’elle ne pouvait plus rien faire et qu’ils étaient morts, elle les a pris sous son bras et elle les a ramenés au cabinet. J’ai récupéré les certificats qui disaient effectivement que les chiens étaient imprégné d’une odeur de gaz, et que c’était une odeur qui était très agressive et assez irritante, et qu’ils avaient les muqueuses aussi bien oculaires que buccales qui étaient bleues. Ca ça veut dire qu’on est cyanosé, c’est typique d’une situation où l’on n’a pas d’oxygène. Donc on a le sang qui devient bleu ente guillemets. Ils étaient cyanosés et le diagnostic était une asphyxie. Et on peut raisonnablement penser qu’ils n’avaient pas de prédisposition particulière puisque probablement les chiens étaient suivis chez eux.
Deuxième chose, j’ai récupéré les rapports d’autopsie puisque les chiens avaient finalement été autopsiés. Il faut dire qu’à ce moment là, il y avait une certaine polémique qui faisait rage. Les journaliste étaient allés interviewés la vétérinaire qui avait dit « oui j’ai constaté que ces chiens étaient morts asphyxiés ». Les autorités et surtout la préfecture a commencé à dire que le vétérinaire ferait bien de s’occuper de ses affaires. Parce le vétérinaire de ce petit coin, qu’est ce qu’il pouvait se permettre de contredire ce qu’avait dit les personnes autorisées à parler à la préfecture. Et puis la propriétaire avait dit, et moi puisque c’est comme ça, je vais porter plainte et là on lui avait fait remarqué que les chiens sur la plage n’avaient pas le droit de se promener et donc qu’ils étaient en état de divagation et donc si vous portez plainte et bien vous aurez une amende. Voilà en gros l’ambiance dans laquelle ça se situait. Donc les chiens ont finalement été envoyés à autopsie et j’ai récupéré les deux certificats d’autopsie. Il y a une autopsie qui a été faite par l’école vétérinaire de Nantes et l’autre par le laboratoire départemental de Vendée. Et vous avez vu qu’au passage puisque c’est ça qui moi m’avais fait tilt : il y a un chien qui faisait 13 kg et l’autre qui faisait 25 kg. Rien à voir avec des petits chiens et donc le gros problème c’est que si c’était confirmé et vous voyez que les deux autopsies qui ont été faites l’une par l’Ecole Vétérinaire e Nantes et l’autre par le Laboratoire départemental de la Vendée ont tous les deux confirmé que les chiens ne souffraient de rien d’autre que d’un œdème aigu du poumon, donc ça c’est typique d’un inflammation grave du tissu pulmonaire. Ce qui veut dire que le diagnostic d’intoxication aigue était confirmé et que c’était des chiens de 13 et 25 kg et ça voulait dire, comme il y a un bon parallélisme entre ce qui ce passe lors d’une intoxication entre ce qu’on voit chez l’animal et ce qu’il se passe chez l’homme, ça voulait dire que des enfants étaient en danger de mort. Donc là par contre ça c’était la grosse surprise. Donc c’est l’histoire des chiens qui a été le vrai déclencheur, en tout cas pour moi ça a été le déclencheur parce que c’est comme ça que j’ai compris qu’il pouvait y avoir un danger de mort pour les enfants.
Vous avez vu les campagnes d’affichage qui ont été interdites, qui ont été censurées. Et en fait ces affiches montraient des enfants dans les algues. Et donc la première chose que moi j’ai compris c’est qu’il y a un danger de mort pour les enfants. Et donc je m’apprêtais à dire « Attention, ce n’est pas si bénin que ça, ça peut être très dangereux en particulier pour les enfants ». Et des images d’enfants dans les algues moi j’en ai vues, on m’en a envoyées aussi depuis. Et c’est des gens qui ont fait cette photo sans penser que ce n’était pas bon pour les enfants. Voilà des images que vous pouvez trouver sur internet sans problème. Et vous voulez faire une collection, moi on m’a raconté plein d’anecdotes. Donc là il n’y avait aucune méfiance. 

Là elles sont bien vertes quand même. 

Oui mais elles sont quand même mortes. Là vous n’allez pas avoir du gaz normalement, mais elles sont en décomposition quand même. Et donc si elles sont en décomposition, qu’est-ce qui fait la décomposition ? Les bactéries, donc c’est plein de bactéries, un vivier de micro-organismes.
Un truc que les enfants faisaient c’était, quand il y avait des amas d’algues c’était de s’amuser à sauter dans les algues. Et ils sautaient au milieu des algues, et s’ils le faisaient pendant suffisamment de temps après ils avaient les jambes toutes rouges. Parce que les algues sont en train de pourrir donc elles se décomposent… en décomposition donc ça peut être acide ou basique il faudrait le regarder, donc ça brûle les jambes et puis vous avez tous les micro-organismes et les végétaux qui sont morts.
Et vous voyez quand on a les grandes marées, il y a tout le monde qui va à la marée. Pour pouvoir aller au bord de l’eau, il fallait traverser la zone devant, c’est extrêmement dangereux parce que, je ne sais pas quelle est l’épaisseur mais s’il y a une épaisseur suffisante, il y a dessous des poches de gaz que les gens sont obligés de traverser. Alors ils traversent avec leurs chiens et puis évidemment à la pêche tout le monde y va quand c’est les marées en Bretagne, donc les enfants bien sûr, moi quand j’étais petit, dès que les enfants savaient marcher, ils suivaient ils venaient à la marée avec la famille.
Alors vous vous aimez les polémiques donc ça vous intéresse, alors là vous avez un communiqué de la préfecture des Côtes d’Armor, c’est un tissu d’âneries. Je ne vais pas perdre mon temps à commenter. Mais c’est un tissu d’âneries et le summum c’est quand même ce qu’ils ont réussi à écrire tellement ils écrivent n’importe quoi, c’est que la paralysie respiratoire entraînant la mort n’intervient qu’à la dose létale. Alors en langage technique létal ça veut dire mortel donc ça veut dire que ça entraîne la mort qu’à la dose mortelle, on est content de le savoir…Ils ont été très bons, ils ont sorti pas mal de d’énormités…et je suis assez d’accord avec l’une de leurs conclusions à la fin, c’est que « toute extrapolation à partir de ce qui vient d’être dit doit être prise avec la plus grande prudence ».
Et donc moi j’arrive comme ça à la veille de la conférence de Plestin et la je reçois un coup de fil de France 3 qui me dit : « on a fait un reportage à partir de la conférence que vous devez faire. On voudrait que vous veniez au plateau de ce soir pour discuter des images ». Alors je dis pourquoi pas et puis là un petit réflexe de survie. Oui mais quand même, je voudrais le voir avant qu’on soit sur le plateau. Et heureusement que j’ai eu ce réflexe parce que je suis venu à France 3 alors ils m’ont passé le reportage. Ils m’avaient demandé avant et ils m’ont enregistré, d’ailleurs vous pouvez encore trouver sur Internet il n’y a pas très longtemps, ils l’ont laissé très très longtemps. Ils m’avaient demandé avant que je passe à la télé, on va vous interviewer juste après que vous aurez vu le reportage. Et je leur ai répondu pourquoi pas et on voit très bien puisqu’ils l’ont laissé longtemps sur leur site, je ne sais pas, il y est peut-être toujours, on le trouve peut-être toujours, cette interview qui est faite à chaud, c’est-à-dire juste après qu’ils m’ont montré leur reportage. Et j’étais fort embarrassé parce que dans le reportage, il y avait des trucs chocs et que je ne connaissais pas, personne me l’avait dit et la première image choc et la plus importante pour moi, ça a été l’histoire du coma d’un ramasseur d’algues. Un ramasseur d’algues, c’est quelqu’un qui travaillait dans ce genre d’engin, vous voyez comme quand on fait du ramassage d’algues vertes, la façon dont on travaille, on râcle, on fait des gros tas et puis après on charge les tas dans une benne, et avec la benne après on les récupère. Donc il raconte, il a accepté de témoigner le soir de la conférence, il avait témoigné dans le reportage et il est venu le soir de la première conférence puisqu’il était de la région où on faisait la conférence, de la baie de Saint-Michel. Il raconte que depuis le matin, il était en train de faire ce travail que vous venez de voir, et à la fin de la journée, il avait un gros tas d’algues sur la plage sur la Baie de Saint-Michel, il s’est dit : « bon je ne vais pas laisser ça, je vais l’enlever avant de partir » et il commence à rentrer dedans avec son engin, et vous voyez bien ce qu’ils font, ils vont soulever pour les déplacer. Et après il ne sait plus ce qui s’est passé, et par contre il y a des témoins qui ont vu un engin comme ça qui zigzaguait sur la baie de saint-Michel, qui se sont approchés pour voir ce qui se passait. Et là quand ils sont arrivés tout près ils ont vu qu’il y avait un monsieur, un homme qui était affalé sur le volant. Et il a fait un coma de plusieurs jours, il est resté des mois sans travailler. C’est Monsieur Maurice Brifault.
Alors ça c’était décisif pour moi parce que je m’étais dit il y a un danger de mort pour les enfants, mais avec son témoignage. Ca montrait que ce n’était pas que contre les enfants. Et ça voulait dire qu’on pouvait avoir des doses qui sont très importantes, plus que je ne le pensais, parce que le niveau de doses qu’on était sensé trouver augmentait à chaque fois d’un cran.
Dans le reportage, il y a une deuxième histoire qui m’a beaucoup intéressée parce ce que vous savez c’est difficile quand vous allez chez le médecin, vous lui racontez vos histoires, ce qui ne va pas, et après on vous reprend et puis on discute, on vous fait préciser tout un tas de choses pour pouvoir faire un diagnostic donc là moi j’ai rien, j’ai juste un reportage, je n’ai pas forcément tous les éléments qui sont décisifs. Le ramasseur d’algues, ça c’était très très clair, ça c’était facile à faire, et le deuxième qui était facile à comprendre c’était l’histoire du caméraman, le caméraman, c’était un de ceux de l’équipe de reportage, il s’était mis des bottes et puis pour faire son reportage, il était allé joyeusement patauger comme ils faisaient tous d’ailleurs jusqu’à ce que moi je sois interviewé, parce que j’ai refusé d’y aller et je leur ai dit « Attendez, moi, je ne veux pas patauger là-dedans » et donc après ça a changé, tout le monde a arrêté d’aller patauger dans les algues, mais jusque là ils allaient tous patauger dans les algues, les habitants, les associatifs et les reporters. Et donc il raconte : « je suis allé patauger là-dedans pour filmer avec une personne que j’interviewais » qui l’a amené au milieu des algues aussi. Et il dit au bout d’un moment « je ne me suis pas senti très bien, l’odeur, je n’ai pas perdu l’équilibre mais j’avais l’impression de perdre l’équilibre, et donc j’ai été obligé de m’éloigner » et ça c’est très intéressant pour moi parce que ça veut dire qu’il y a en quelques minutes les débuts des signes d’une intoxication aigue. On commence par sentir des sensations vertigineuses. Et là où c’est très intéressant, c’est qu’il est debout, et donc il respire à 1m50 au-dessus des algues. Or l’hydrogène sulfuré, c’est un gaz qui est plus lourd que l’air, donc qui a tendance à être plutôt près du sol. Donc à 1m50, en quelques minutes, il commence une intoxication aigue. Ca veut dire que les niveaux, ce qui se dégage, c’est très important, et par contre il y avait un 3ème témoignage dont je ne savais pas quoi faire dont je n’ai jamais parlé à l’époque, enfin je n’ai pas repris directement l’information, c’est l’histoire du jogger qui était mort il y a une vingtaine d’années. Le ramasseur d’algues, c’était 10 ans avant, c’était en 1999. Le jogger, c’était 20 avant, un jeune homme de 25 à 30 ans retrouvé mort dans les algues. Depuis à travers des documents que j’ai eu, des témoignages que j’ai entendu, je pense que malheureusement, c’est probable, je ne peux avoir autre chose qu’une conviction, je pense que probablement c’est bien le premier mort des algues vertes 

Il y a un jeune homme de 25 ans, en bonne santé, qui est retrouvé mort sur la plage, et on ne se pose pas de questions, il y a dû bien avoir une autopsie ? 

Oui, il y en a sûrement une. Mais il faut pouvoir la demander. Or pour l’instant personne ne l’a demandée. Moi, j’ai indiqué aux journalistes pourquoi est-ce que vous ne demandez pas les résultats de l’autopsie. Mais pour la demander, moi personnellement, je ne peux pas la demander, je n’ai aucune mission particulière dans le domaine. Enfin, je peux toujours la demander à mes collègues qui sont quelques étages en dessous, mais ils ne me la donneront pas parce que… 

Et la famille ?

 Je ne sais pas qui c’est la famille, c’était il y a 20 ans.Mais en principe, ce genre de documents, je ne pense pas que ça ait été brûlé ou détruit, donc logiquement, il suffirait de sortir l’autopsie et on aurait… Enfin il y a plein d’éléments, il a entre 25 et 30 ans, il est en train de revenir du bord de mer, parce que dans les algues, il y a des gens qui témoignent qui disent, une dame en particulier dont le témoignage a été diffusé et qui raconte que ses pas allaient bien, tournaient le dos à la mer pour aller vers le haut de plage. Or quand on va faire un jogging sur les plages dans ces régions-là, enfin je pense que dans beaucoup d’endroits c’est comme ça, très vite on va courir au bord de l’eau, et puis à un moment quand on a fini son jogging, on remonte sur le haut de plage et donc après, apparemment il était en train de remonter sur le haut de plage, il y a 20 ans, les dépôts quand il y en avait, ils étaient beaucoup plus importants qu’aujourd’hui parce que quand il y en avait, il n’y avait pas de ramassage. Donc il est en fin de jogging, quand vous courrez, vous faîtes un effort physique, vous hyperventilez puisque quand vous faîtes un effort physique, au maximum, vous pouvez ventilez dix fois plus, donc il était forcément en hyperventilation…et il s’est mis en courant, probablement, à patauger, parce qu’on s’arrête pas dans ces cas-là, on s’arrête quand on a fini, donc il a dû patauger dans ces machins-là, se prendre des bouffées etc alors qu’il était en hyperventilation, et à un moment boum il est tombé. Alors il est tombé, il s’est passé quoi, il peut avoir fait un accident cardiaque tout simplement, sous différentes formes.
Donc je me suis retrouvé avec ces trois témoignages, le jogger moi je l’ai mis de côté, et les deux autres, le ramasseur et le caméraman par contre, ça me disait qu’il y avait un danger de mort pour un adulte, pas seulement pour un enfant, c’est pas un enfant, c’est un adulte, et ça veut dire que les niveaux qu’on était supposé rencontrer étaient supérieurs probablement non pas à 100ppm, qui était un chiffre que j’avais comme repère pour l’instant qui avait été mesuré sur des amas d’algues. Et on était monté beaucoup plus haut puisqu’on était au-dessus de 500, pour qu’il y ait un danger de mort, donc il y avait des niveaux supérieurs à 500ppm sur les plages.
Alors puisque vous travaillez sur les conflits d’intérêts, par exemple, ça c’est un truc que je n’ai pas pu relever, j’en ai discuté avec les journalistes après que j’ai fait cette interview sur fr3.
J’ai participé à une deuxième réunion où l’on discute de tous les aspects de ce problème et, à la fin de la réunion, je me suis tourné vers ceux qui étaient en face de moi en disant : « Il n’y a toujours pas de mesures pour savoir les niveaux auxquels on arrive. Vous, M. Balu, vous dites que l’on est à 500 ppm mais on voit qu’il y a plus et il faudrait peut-être déjà commencer par faire les mesures en urgence pour savoir jusqu’où ça va ! » et j’ai les réponses des trois interlocuteurs principaux sur ce dossier disant : « Ah oui, oui, il faudrait qu’on les fasse ».
Mais on va arriver quand même en été 2009 et évidemment, elles ne sont pas faites.[On peut visualiser sur une carte les différents lieux où se sont produits la conférence et les accidents]La photo est prise le jour de l’accident du cavalier et de la mort de sa monture. La grève est propre, en cours de nettoyage, on y observe un amas d’algues entassé par le système de ramassage. On voit l’engin du ramasseur d’algues encore en activité. L’accident se produit aux alentours de 16h30, c'est-à-dire qu’il y a encore du monde sur la grève. Et il se trouve que les événements auraient pris une toute autre tournure si cela s’était produit une heure plus tard. Une heure plus tard, le cavalier serait mort.
En effet, le cavalier est en train de remonter, il a fait une balade au bord de l’eau avec son cheval et est en train de rentrer. C’est un vétérinaire, originaire de la région, qui travaille à Paris et est ici en vacances dans sa famille. Il est amateur de cheval et possède un cheval de course. La baie de Saint-Brieuc est très réputée pour cette activité, énormément de centre équestre organise des événements sur cette plage et la promenade de ce vétérinaire était tout à fait anodine. Tout cela pour dire que cet accident aurait pu arriver à n’importe qui car est survenu dans un moment de vie courante de la région.
Quand il remonte le long de la plage, il est descendu de cheval et il le tient par la bride, probablement pour rejoindre son véhicule. Et il doit traverser l’amas d’algues vertes. Il témoigne après son accident qu’ils se sont brusquement enfoncés dans la vase, son cheval et lui, jusqu’aux épaules. Et il a trouvé le comportement de son cheval très bizarre. Normalement, un cheval qui s’enlise se débat, ne se laisse pas enfoncer comme ça sans réaction. Et le cheval n’avait, d’une part, pas réagit avant d’arriver dans la zone, ce qui veut dire qu’il n’y avait aucune odeur apparente. Un chien, lorsqu’il sent une odeur, y va, est curieux. Au contraire, le cheval, lui refuse d’avancer. Donc le cheval ne s’est pas méfier et ne se débattait pas. Il regarde son cheval et réalise que son cheval ne respire pas. Il appelle au secours. Il parle au ramasseur d’algues qui s’est approché pour proposer de l’aide et pour tirer le cheval, sauf qu’il va perdre connaissance très rapidement, lui aussi.
Donc le cheval ne respire plus, le cavalier perd connaissance. Et c’est là où ils ont eu une chance insensée : le ramasseur d’algues est à proximité et va faire les bons gestes. Il a directement appelé les pompiers, il a ensuite approché son engin pour essayer de sortir le cavalier. Il appelle deux passants qu’il fait monter dans sa benne et les descend de cette manière jusqu’au cavalier. Et chacun va prendre le cavalier par une épaule et remonter le cavalier dans la benne. Et de cette manière, si une des personnes avait respiré des gaz toxiques, le ramasseur pouvait immédiatement la remonter, la ressortir des vapeurs. C’est ainsi qu’il remonte tout le monde, le cavalier y compris et les éloigne de l’amas d’algues. Le temps de l’opération, les pompiers sont déjà arrivés et le cavalier peut être pris directement en charge et immédiatement oxygéné.
En quelques minutes, le cavalier a donc perdu connaissance mais est sorti très vite de l’enlisement, mis à l’air libre et pris en charge quasiment immédiatement. Le cheval lui n’a pas pu être sorti à temps. Il ne faut pas seulement parler de la mort du cheval mais d’abord de l’intoxication aigüe du cavalier et l’intoxication mortelle du cheval. La, le cavalier n’a pas seulement fait une intoxication aigüe mais une intoxication suraigüe. Il s’en sort apparemment sans séquelles mais c’est uniquement parce qu’il a eu une chance inouïe.
C’était le mardi 28 juillet. La préfecture s’est alors précipitée pour envoyer le cheval à l’équarrissage. Le cavalier était toujours hospitalisé mais s’est démené pour qu’on n’envoie pas son cheval à l’équarrissage, qu’on l’emmène à l’autopsie et décide de porter plainte. Ce qui a été largement écrit dans la presse est que le cheval s’était noyé dans la vase. C’est la vérité officielle qui a été diffusée à ce moment là. Cette version a été si bien propagée que plus tard, à l’occasion d’une conférence dans la région, au cours d’une discussion avec les agents du service technique et des responsables de la gestion de l’événement pour la préparation de ladite conférence, je me suis rendu compte que tout le monde était encore convaincu que le cheval était mort noyé dans la vase. Ce qui n’avait rien à voir avec l’autopsie. Celle-ci conclue que «  la mort par noyade n’est pas confirmée par l’autopsie, aucune présence d’eau ni de matière végétale en quantité importante n’étant relevée dans l’estomac et l’appareil respiratoire, la congestion pulmonaire intense étant aigüe et généralisée permet d’orienter le diagnostic vers une intoxication par inhalation d’un gaz toxique… » . Il n’y a donc aucune ambiguïté sur le sujet, il n’y a pas lieu de faire un débat scientifique pour savoir si ce sont les algues ou non qui ont entrainé la mort du cheval, les preuves sont irréfutables.
Voila ce qui était affiché sur les plages à partir de cet événement : « la décomposition des algues est susceptible d’avoir des effets sur la santé…. ». Les maires ont une délégation, donc le vice c’est que c’est donc le maire qui a une délégation et qui est donc responsable, mais le message, ce n’est pas le maire qui l’écrit. C’est la préfecture qui donne le contenu du message qui est signé par le maire. Donc vous n’avez jamais le bon interlocuteur. Si vous voulez attaquer, et c’est ce qui s’est passé avec le cavalier, étant donné que c’est le maire qui est responsable, il voulait attaquer le maire dans un premier temps. Après, il a changé la forme de sa plainte mais au début il voulait attaquer le maire. Et le paradoxe, c’est qu’il voulait attaquer le maire d’une des communes dont le maire était le plus en difficultés parce qu’il n’arrêtait pas de rouspéter, de dire qu’on en crève de ces algues. 

En fait le maire était plus du côté des défenseurs de la santé publique ?

Non, le maire n’était pas du côté des défenseurs de la santé publique, il était maire de sa commune, qui était normalement touristique, c’est un des plus beaux coins de Bretagne, et les touristes venaient, mais dans les périodes où il y a des algues, les touristes demandent ce qu’il s’est passé, s’il y a eu des problèmes avec les égouts… Et les gens s’en vont immédiatement, ils repartent tout de suite ou le lendemain, les hôtels ont tous fermé. Donc son problème, c’est que sa commune, elle crève. Il n’est pas du tout question de santé publique. L’autre problème, c’est que quand on leur demande de ramasser des algues, ça coûte très cher. Une commune comme Hillion en 2009, ils ont ramassés des tonnages, je n’ose même plus dire les chiffres, parce que c’est tellement énorme, quand je ne les ai pas bien en tête, j’ai peur de dire des bêtises. La commune d’Hillion, si elle doit payer ça, son budget n’y suffit pas. C’est une situation aberrante ! 

Le préfet par contre, est ce qu’il a intérêt à se débarrasser du problème ?

Pour ça, il faut demander aux autorités

C’est une question d’électorat ?

Pas pour le préfet, ça peut être le cas pour le président de région ou pour les élus, mais le préfet n’est pas élu.

Le préfet reçoit ses directives du gouvernement. 

Oui, c’est le représentant de l’état, l’agent en chef de l’état.. 

Justement, on a vu que le préfet faisait en quelque sorte l’autruche.

Il ne faisait pas l’autruche, parce qu’il ne se contentait pas de mettre la tête dans le sable, ça c’est celui qui ne veut pas voir, mais le préfet, il était actif pour masquer les choses. Les affiches qu’on doit mettre sur les lieux de travail où il y a du sulfure d’hydrogène sont très différentes de celles qui ont été mises sur les plages. Le sulfure d’hydrogène est toxique pour l’Homme, et il est toxique pour l’environnement, pour les organismes aquatiques.
Il se trouve que j’avais fini par écrire un papier sur l’histoire des chiens et je l’avais envoyé à un collègue qui est directeur de l’Unité de Prévention du Risque Chimique au CNRS, et je lui ai envoyé en lui disant que j’avais essayé de faire un point sur la situation. Il l’avait corrigé, et il me l’a renvoyé fin juillet 2009. Quand l’accident est survenu sur la grève, j’étais en congé, mais par un concours de circonstance, je suis repassé chez moi en en arrivant chez moi, je trouve les journaux, et sur les journaux, je vois qu’il y avait eu un accident à Saint Michel en Grève. Je suis donc repassé à mon bureau et on m’avait envoyé plein de mails, de demandes pour être présent.
Le document que j’avais rédigé, il était au début seulement avec ma signature, mais je commence à l’envoyer un petit peu autour de moi, et je me dis que comme mon collègue était plutôt d’accord avec moi, et qu’il n’avait que des corrections mineures, j’essaie de le joindre. Et je lui demande s’il est d’accord pour que je fasse les modifications qu’il voulait et qu’il le cosigne. Il me dit « pas de problème ». Je fais donc les corrections qu’il souhaitait et je commence à diffuser systématiquement le document autour de moi. Quand j’ai fini de faire la diffusion auprès des gens qui en avaient besoin, parce que c’était un texte dans lequel on essayait de démontrer la relation avec l’hydrogène sulfuré, j’ai fini par l’envoyer à la presse, et l’AFP a fait un communiqué qui reprend l’essentiel de ce qu’on avait dit dans ce document. Et ça a été très important parce que pour la première fois, il y a eu une information fiable dans les média.
Il y a eu ce fameux rassemblement à Saint Michel en Grève, où j’ai dit que la première des choses, c’était qu’il fallait informer la population, parce que quand on est dans une situation comme celle ci, si on informe correctement la population, on limite les comportements à risque. Parce que les gens, si on les informe d’un danger, ils ne vont pas y aller. Et en plus, ceux qui sont au courant vont peut être dire à d’autres personnes moins informées de faire attention. Le premier problème, après qu’on ait un cavalier qui a failli y laisser la peau, le cheval a montré ce qu’il serait arrivé (le cheval faisait plus de 500 kg), c’est que le niveau montait : les problèmes arrivent à bien plus de 500, pour que le cheval ait pu mourir dans des conditions aussi brutales, si rapidement. Ce que l’on ne savait pas à l’époque, nous étions le 28 juillet, il y avait eu le décès du transporteur (M. Morfouasse, 48 ans) d’algues qui avait transporté et déchargé plusieurs bennes d’algues. Il en était à sa troisième à transporter. Son trajet n’était de même pas 10 km, une quinzaine de minutes. Les bennes étaient remplies à raz bord d’algues en putréfaction, malodorantes. Les bennes étaient stockées dans le parc communal. Quand leurs quatre bennes étaient remplies, ils appelaient une entreprise de camionnage qui venait les prendre pour les déverser dans le centre de compostage. Quand il déchargeait la benne vous aviez un nuage odorant énorme.

Les liens sont prouvés et reconnus ou c’est encore discuté ?

Non non, justement on est en plein dans la controverse, pas scientifique. Le procureur de la République nie cette relation de cause à effet. Le problème est que le procureur agit sur ordre, il est sous la dépendance directe de la République, il n’a pas d’indépendance. La on a un procureur qui a décrété que ce n’était pas du aux algues. Il a pas décidé tout seul, on a du lui donné la consigne afin que ce ne soit pas mis en relation. Il l’a fait assez maladroitement.

Qu’est ce qui fait que le gouvernement agit dans ce sens la ?

Il faut leur demander ! 
Le transporteur chargeait la benne et lors de cette opération, il n’y avait pas de manipulation des algues. Arrivé à la station de compostage, il la déversait, répandant une odeur insupportable. Personne n’a jamais contredit le fait que l’odeur provenait des algues. Une autre fois, un déchargeur de camions m’a raconté que sur la route, il a ralenti son camion, il a zigzagué, s’est arrêté sur le bas côté. Il a voulu sortir et il est tombé de son camion. Le reste, on n’arrive pas à savoir. Les medecins sont venus et ont constaté le décès. Il y a eu des prélèvements de sang fait pour voir s’il y avait un problème d’alcool ; il parait que les prélèvements ont été mal conservés sur lesquels il était impossible de faire un dosage d’hydrogène sulfurique qui auraient permis de conclure. Les dosages ont été faits, les taux constatés mais inexploitables car ils n’ont aps été conservés à la bonne température. 
Au début, on a fait le silence sur cet accident. Les bouches se sont déliées quand il y a eu des manifestations à Saint-Michel en Grève et que finalement des mesures ont été mises en œuvre. Celles-ci ont confirmé tout ce que l’on avait dit sur ce sujet. Dans les différents éléments, dans les anecdotes pas anodines, quelqu’un m’a raconté qui est actuellement vice président du conseil régional en charge des dossiers environnementaux. Il été très intrigué car à cette époque la, il avait été invité à déjeuner avec le secrétaire général de la préfecture. Pendant tout le repas, ils avaient parlé d’algues. A la suite du déjeuner, il était reparti complètement perplexe. Il a commencé à comprendre ce qui s’était passé quand il y a eu la visite du premier ministre confirmant le fait qu’il y avait des niveaux très élevés de gaz, qu’il y avait bien un danger de mort. Finalement, la mort du transporteur était reliée. Il voulait savoir si j’avais fait le lien entre les algues et le décès du transporteur dans sa commune. Donc, dans un premier temps, ça a été passé sous silence. Puis, la préfecture a donné une petite somme à la femme du mort. L’affaire est ressortie quand la fille du transporteur a donné naissance à son enfant et qu’elle a voulu savoir exactement ce qui s’était passé. Au début le procureur ne voulait pas ouvrir d’enquête, puis finalement il a ouvert une enquête. Enfin la pression sociale, les journalistes ont forcé la main du procureur qui a demandé une autopsie. Au lieu de faire l’autopsie au moment du décès, ce qui était justifié. Elle a été faite au mois de septembre, presque deux mois après. Les rapports d’autopsie sont extrêmement clairs. La cause principale du décès est l’infarctus. Il faut l’interpréter en fonction du contexte toxicologique lors du décès. C’est très important dans le sens ou quand on fait un infarctus, on peut le faire dans des contextes très variés. Il y a des conditions déclenchantes. Le scénario est facile ici, bien connu avec les gaz. Ce gaz H2S est un gaz qui bloque l’utilisation de l’oxygène dans les cellules. Parmi les conséquences auxquelles on s’attend. Chez un sujet qui a une mauvaise circulation cardiaque, on s’attend à des incidents type infarctus du myocarde. C’est pour ça que nous avons écrit que l’inhalation de H2S a de manière quasi certaine déclenchée le décès du transporteur. Le côté paradoxal est que ce monsieur est mort pendant son travail, c’est considéré comme un accident du travail. Et la c’est contesté ainsi, tout est donné à la charge de la famille. Donc, ils vont avoir raison dans un procès forcément. Pourquoi obliger la famille à faire un procès. Les pouvoirs publics étaient au courant de cet accident puisque la préfecture a été la première au courant. C’est ce qui explique qu’il y ait été prix comme décision de mettre en œuvre une campagne de sensibilisation, voir le rapport de l’Inéris. L’élément capital a été de montrer dans plusieurs points de prélèvement que les niveaux de H2S étaient largement dépassés. C’est clair que l’on est dans les zones ou arrivent les accidents. Ces prélèvements ont été effectués sur la plage de Saint Michel.
Près d’une usine de traitement des algues, produisant des essences d’algues, on a trouvé des teneurs jusqu'à 2 200 pm. Ils avaient des déchets d’algues qu’ils stockaient différentes de celles pour les algues vertes. Comme les algues ont un fort taux de souffre, quand elles se décomposent, elles dégagent facilement de l’hydrogène sulfuré qui est très corrosif. Il y a donc souvent autour de ces installations beaucoup de travaux d’entretien. Sur cette usine, on a retrouvé mort deux agents d’entretien. En faisant les mesures dans l’enquête quelques jours plus tard, on a trouvé des niveaux de 6 000 pm. Les pouvoirs publics savaient très bien que quand il y avait des fermentations d’algues, on pouvait atteindre des niveaux très importants. Je ne suis donc pas sur qu’ils avaient besoin de faire ces mesures pour se convaincre que sur les plages on atteignait des niveaux critiques. Je me suis donc demandé pourquoi ils ont fait une telle batterie de mesures. Ils les ont faites à mon avis parce qu’ils pensaient qu’ils n’en trouveraient pas beaucoup ce jour la à cet endroit la pour me discréditer. Ils les ont faites à la surface, le cheval il est rentré dans la masse. Bien évidemment, on ne trouve pas les mêmes taux dans les deux endroits. Ils étaient obligés de faire ces mesures car il y avait eu tout de même plusieurs morts qui confirmaient tout ce que je disais. Ils étaient obligés de faire un geste. Trois mois auparavant je réclamais des tests que l’on m’a refusés. Les tests ont révélé la présence d’autres gaz toxiques comme l’ammoniac mais elles ont confirmé quand même la prépondérance du sulfure de dihydrogène. Le 10 juillet 2009, des associations comme « halte aux marées vertes », FNE, se sont rassemblées sur la plage de Saint Michel à manifester leur raz le bol des marées vertes. Deux jours plus tard, le transporteur décède et quinze jours plus tard c’est l’épisode du cheval. Sur les gaz, il n’y a pas d’étude réellement faite afin de voir ce qui est émis lorsque l’on met en putréfaction des amas d’algues. Faute de financement, les projets d’étude ne sont pas mis en œuvre. Il fallait faire des mesures pour voir comment évoluent les algues, comment elles putréfient, les émissions de gaz au cours du temps (24h/ 3j) afin de mettre en place des règles de ramassages. Premièrement, il fallait définir des situations type pour lesquelles on peut quantifier les niveaux atteint afin de mettre en place des normes de sécurité en présence de marées vertes sur les algues. 

 Seules des modélisations de la quantité de gaz émis ont été faites. 

C’est le CEVA qui vous a dit ça. 

Oui. Ils considèrent que les émanations sont proportionnelles à la quantité d’algues sur les plages.

Non, ce n’est pas vrai. Elle n’est pas proportionnelle. Ca dépend du moment où on est. Quand vous avez de la matière organique qui se décompose, ce sont des molécules organiques complexes. Au fur et à mesure de la décomposition vous allez progressivement aller vers des composés ultimes : méthane, ammoniac H2S. Mais dans le processus vous allez avoir tous les éléments annexes. Les indications sont les suivantes : la concentration létale 50 pour H2S était de 500 ppm, sur le rat cette concentration est obtenue sur 4heures. Sur le plan de la toxicité, H2S est 50 fois plus agressif que NH3 dont on mesure la même teneur. H2S est in composé peu soluble dans l’eau donc, il va diffuser très profondément dans les voies respiratoires. Il est agressif et en même temps il est légèrement acide, d’où les brulures aux yeux et au nez. Il va bruler la paroi alvéolaire – paroi entre l’air extérieur et le sang. Ainsi, le plasma va passer à travers et inonder les poumons. Vous avez remarqué que sur ce sujet, vous n’avez trouvé aucune controverse scientifique.

Au début justement, on ne trouvait pas la controverse. Tout le monde est d’accord pour dire que ce sont les nitrates qui provoquent les algues.

Il n’y a pas eu de controverse scientifique, on a su faire les choses proprement pour ne pas dire quelque chose qui dépassait ce qui avait été scientifiquement démontré, et deuxièmement, il n’y personne qui a joué le jeu d’ouvrir une fausse controverse. Les vraies controverses scientifiques, c’est quand sur un sujet, il y a des éléments d’appréciation. A partir des données scientifiques, il y a un moment où vous êtes obligés de faire des extrapolations pour en tirer des conclusions pratiques. Et alors vous-même dans votre tête vous vous dites : « Là j’ai pondéré ça comme ça et donc ça penche dans ce sens là, mais si je le pondère autrement ça va pencher dans l’autre sens. La plupart des controverses scientifiques où il y a des enjeux économiques sont des controverses qui sont menées sur ce truc là, et ça ce sont des vraies controverses. Mais ce sont des controverses vicieuses sur le plan scientifiques, parce qu’il y a un moment où on est obligé de faire de l’extrapolation, et c’est là qu’on peut s’empailler, surtout s’il y a des gens de mauvaise foi.

Par rapport au document de l’Ineris de 2010, pensez-vous que les précautions et la prévention demandée soient suffisantes ? 

Ça m’embête un peu d’étudier ces documents qui sont un peu bidon…  Autant que je m’en souvienne, le rapport de l’Ineris avait deux trois remarques générales. Après il a été question de mettre en place un groupe de travail au niveau de l’AFSSET, maintenant ANSES. Dans un premier temps, ils m’ont contacté pour me demander si je serais d’accord pour participer à ce groupe de travail. Mais je voulais d’abord qu’ils vérifient que je n’étais pas persona non grata dans une commission sur le sujet, et si vraiment personne ne voulait pas de moi, parce qu’ils savent comment je vais fonctionner si je participe au groupe de travail, à ce moment là, on verra. Je demande quand même quelle est la mission du groupe et quels sont les membres de la mission. On me répond qu’on va mettre untel, responsable du centre anti poison à Rennes. Mais je leur réponds que ce n’est pas possible parce qu’il est mis en cause juridiquement pour avoir masqué il y a 10 ans qu’il y avait une responsabilité des algues dans un accident qui remonte à une dizaine d’années. J’ai fini par faire mon dossier, mais j’ai reçu une petite note du directeur de l’AFSSET, qui m’a dit que bien sûr j’étais incontournable mais que c’était mieux pour moi de ne pas être dans le groupe. C’était peut être mieux pour moi, mais c’était surtout mieux pour eux, pace que ce groupe a pondu des recommandations qu’il aurait fallu mettre en place il y a 30 ans, quand les algues ont commencé. Depuis on a avancé un petit peu, et moi je montre que dans les documents utilisés par les instances internationales pour mettre en place des régulations aujourd’hui, les niveaux sont très différents. Le niveau de base au niveau internationale, hors les populations à risques type jeunes enfants, personnes âgées…, ça commence autour de 500 ppm, et à Saint Michel, ils ont mesuré des niveaux de 1000. Et les premiers signes chez les personnes asthmatiques, ça commence à 2 ppm, donc des niveaux 500 fois intérieurs. Or la réglementation en France aujourd’hui autorise 5 ppm pour une vie entière et le niveau maximum toléré, c’est de 10 ppm. Donc une des premières actions du groupe de travail, ça aurait dû être de mettre en place des recommandations et de baisser les niveaux de 5 à 10 ppm, pour les remplacer par de 1 à 5 ppm. Et c’est sûr que moi je n’aurais pas accepté de sortir un rapport sans changer les niveaux, ils auraient eu le droit à une démission fracassante avec conférence de presse. 

Et d’après vous, on est quand même sur la bonne voie ou ça reste très inquiétant ? 

Je suis très réservé, on nous envoie des signaux qui ne sont pas bons : on nous dit qu’on va réduire de 30 % les taux de nitrates dans les rivières, mais c’est ce qui était déjà décidé avant. On nous dit aussi qu’on va réduire de 60 % mais sur 25 ans, et on a un plan pour les 30 % mais le reste… Le message fort qui aurait pu être envoyé à ce moment là, et qui aurait été crédible, ça aurait été de faire un plan sur les 60 %, parce que c’est sûr qu’on va pas les atteindre en quelques mois. On aurait donc dit : « le premier objectif pour les 60 %, c’est dans les 5 ans, une réduction de 30 % », et ensuite dans les 8 à 10 ans, on aurait essayé de faire les 30 % qui suivent. Là on dit pour les 30 % qui suivent, on verra, mais ce « on verra », c’est une catastrophe parce que même les expériences elles posent problème : il y a deux zones qui sont vraiment très affectées, c’est la baie de Saint Brieuc et celle de Saint Michel. On voit bien la stratégie qui pourrait être mise en œuvre, et on ne peut que craindre que ce soit ce qui sera mis en œuvre : c’est que les deux plus grosses plaies, celles qui font le plus tâche, on va les résorber, et pour le reste, on va encore attendre indéfiniment. Or 30 %, il faut comprendre que ça ne change rien, ce n’est pas suffisant pour que les algues régressent. Donc après ça dépendra comme avant si c’est une année à algues ou pas. Donc moi je ne suis pas optimiste de ce point de vue, parce que tous les messages qui ont été envoyés sont des messages incitent à se méfier. Le plan est fait de telle manière que ça incite à la méfiance : par exemple, on a de plus en plus des regroupements d’exploitations, et le problème vient justement de l’élevage industriel. Il faut bien comprendre qu’on a réussi à faire une pollution tellement massive que même la mer n’est pas capable de l’absorber. Et en plus, on pollue l’estran, la zone entre la haute et la basse mer, mais c’est où grouille la vie dans l’océan. C’est cette zone que les humains devraient protéger, parce qu’en dessous des algues, quand on racle, c’est noirâtre, il n’y a pas de vie, tout est mort en dessous. On touche à la partie la plus riche. Ce n’est donc pas du tout enthousiasmant et pas du tout encourageant. Par contre, il y a un plan sur la région de Saint Michel, il faut savoir qu’à Saint Michel, les taux de nitrates sont très faibles. Parce que les conditions sont telles que des taux très faibles suffisent pour que les algues se développent massivement. A Saint Michel, ils ont des taux très faibles et les exploitants sont prêts à jouer le jeu apparemment, donc peut être que l’expérimentation va marcher. Mais la baie de Saint Brieuc, je suis beaucoup moins optimiste. Plus généralement, il va sans doute y avoir de petites améliorations, mais le problème, c’est qu’il faut éradiquer ces nitrates. Ce qu’il y a d’intéressant avec le problème des algues vertes, c’est qu’il y a un indicateur de la pollution, les algues, parce qu’il n’y a pas que des nitrates dans le milieu, c’est sûr qu’on envoie aussi des phosphates, mais on ne peut pas jouer sur les phosphates parce que c’est déjà saturé. On ne peut jouer que sur les nitrates, parce que si on fait diminuer les nitrates, on diminue l’alimentation des algues, mais pour cela il faut diminuer suffisamment. Mais avec ça, il y a tout le reste : ce qui arrive avec les élevages industriels, ce n’est pas que les nitrates, il y a aussi des pesticides, des résidus médicamenteux, des hormones de croissance ou des choses comme ça, d’autres molécules qui font augmenter les masses protéiques, et aussi un certain nombre de métaux, du cuivre, du zinc, toujours pollué par du cadmium. Au débouché de la rivière, il n’y a donc pas que des nitrates, et qu’est ce qu’il y a au débouché de la rivière, il y a des élevages d’huitres, de moules, de coquilles Saint jacques. Tous ces coquillages filtrent l’eau de mer, et concentrent les polluants. Donc non seulement on massacre l’estran, le littoral, mais on bousille aussi les coquillages.

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